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10 jun 2022

FRANCÈS C1- Caterina

 C’était la première fois que je voyais ma mère trembler. Elle est restée comme une poule devant un chien qui aboie. Pas un mot, pas une expression, seulement une statue de sel en face. Jamais je ne l'avais connue privée de réponse, de défense. Elle a dirigé son regard pétrifié vers la porte. Elle se serait sûrement enfuie mais le temps s'était arrêté.


Un klaxon lointain a fait redémarrer mes pensées surgelées et finalement j'ai appliqué ma logique concluante: ma sœur, l'enfant que je, fille aînée, ai dû protéger; l'adolescente qui a toujours voulu ce qui m'appartenait et obtenu plus que moi; la femme qui s'est entêtée à posséder l'homme que j'aimais et qui m'a pourri la vie, n'était plus ma sœur. Elle était seulement la deuxième fille de ma mère. Elle pouvait donc me foutre la paix.

L'existence de ma mère, bâtie sur le mensonge, était un vrai désastre, et je n'y pouvais rien. À ce moment-là, je lui rendais son histoire et sa vie. J'avais 48 ans et j'étais à la fin libre.